8H30, dimanche 10 février 2013.
Check-list : tout y est : bottes, parka, sandwiches, eau, gants et jumelles. Je charge la voiture. Contact, direction la Chapelle d’Armentières. Objectif, excursion dans les réserves belges le long de la frontière et fin de la balade à Tétéghem.
Durant la petite heure de route, j’ai le temps de me remémorer la raison qui me conduit là. Il y a une quinzaine de jours, Loïc, le président de l’ANCGE80, me demandait si je participais à cette sortie organisée par le site internet « Migrateurs ». Sans réfléchir, je lui avais répondu que j’étais d’accord. Quelle idée j’avais eue là ! M’enfin, je me suis inscrit…et me voilà en route. Quelle idée, franchement, en plus je ne connais personne.
Le lieu de rendez-vous est sur le deuxième rond-point, à la sortie 8 de l’A25. J’y suis. Personne ? Je fais un tour supplémentaire. Où sont-ils donc passés ? Je me gare et appelle Loïc. Celui-ci me répond qu’ils sont presque tous présents. Il précise quand même que l’endroit se situe en contrebas du rond-point. Ils auraient pu le dire !
Je refais un tour de manège et trouve un attroupement d’individus vêtus en chasseur : camo, vestes kaki, ça doit être ça. Je gare sagement mon tacot et me dirige vers le groupe resserré près d’une table pliante. Un gars s’avance vers moi, sourire aux lèvres. « Brocard59 » se présente-t-il. Je me présente également en lui serrant la main. Il me désigne la table sur laquelle une théorie de badges est posée. Ca laisse tout de suite une impression de sérieux dans la préparation. Deux points positifs dès le début, c’est de bon augure pour la suite. Je trouve Loïc et son navigateur. Nous sommes en train de deviser lorsqu’un coup de trompe retentit. C’est brocart qui rameute les troupes.
Il nous explique le déroulement de la journée. Une voiture ouvreuse sera reliée par CB à la voiture balai. Si nous souhaitons quitter la caravane, il faudra prévenir afin d’éviter le gag de l’année dernière, à savoir qu’un véhicule avait quitté la file de voitures et les suivants l’ont suivi. Je souris en imaginant la situation. Bref, le déroulement de la journée est présenté. Quatre visites au programme, tout d’abord la visite de la réserve de « la briqueterie » à Ploegsteert suivie de celle de Zillebecke. Nous enchaînerons par le Blankaart et alentours. Nous y prendrons le repas de midi, visite et, ensuite, direction des rives de l’Yser et descente vers la France. Le co-voiturage sera de mise. Je me joins donc à Loïc histoire de voir ce que donne un 4X4 en matière de confort, et le convoi se met sagement en route,
Donc Ploegsteert nous voilà. Pourquoi la « briqueterie » ? J’ai la réponse dès notre arrivée. Nous évoluons entre des bâtiments, des piles de palettes ou d’autres chargées de tuiles. D’énormes tuyaux longent le chemin. Enfin nous nous garons. Brocard59 nous explique qu’a la briqueterie on peut y observer beaucoup d'especes : sarcelle d’hiver, sarcelle d’été, souchet, milouin, morillon, colvert, siffleur, chipeau, foulque et poule d'eau. En période de nidification il y a des héronnières et on peut observer des nichés de colverts, morillons et milouins.
Place aux jumelles et aux appareils photos maintenant. Je suis d’ailleurs surpris d’entendre seulement parler de focale, profondeur de champ, vitesse d’obturation, objectifs, performances, prix. La situation est assez bizarre, des chasseurs qui parlent de tout, sauf de tableaux réalisés, de fusils, de nuits de hutte. Les mentalités évolueraient-elles enfin ? Nous arrivons au poste d’observation et nous installons tant bien que mal car, loger là-dedans une trentaine de passionnés, c’est pas gagné. La partie de la réserve dans laquelle nous nous trouvons est parsemée de roselières plus ou moins importantes. Elle est entourée d’arbres d’une vingtaine de mètres de haut. Dans le fond, derrière la plus grande roselière, nous voyons une bande de sarcelles qui virevolte et partage ses jeux entre piqués démentiels et remontées en flèche. De vrais clowns.
Plus près, les milouins se baignent
tranquillement et se font autant admirer que
mitrailler sous toutes les coutures.
Un garrot à oeil d’or tente même de voler la
vedette à tout ce petit monde. Malheureusement,
nous ne pourrons pas obtenir de photos d’unequalité suffisante pour le mettre dans cet article
Après une bonne demi-heure, nous rejoignons les
voitures.
qualité suffisante pour le mettre dans cet article Après une bonne demi-heure, nous rejoignons les voitures.
Nous prenons la route de Zillebecke, une réserve située aux portes d’Ypres. Nous nous garons, en file indienne, sur le trottoir qui nous sépare du bord. Brocart59 nous informe de la présence régulière de siffleurs, colverts, sarcelles d’hiver, souchets, bernaches du canada, bécassines, foulque et vanneaux. nous voyons des canards de toute sorte vaquer à leurs occupations sans être le moins du monde gênés par les allées et venues de piétons ou des cyclistes.
Une ou deux rafales de téléobjectif plus
tard nous rejoignons les voitures et prenons la route vers ce qui devrait être le plat de résistance de la sortie : le mythique Blanckaart. Parlant de plat de résistance, un petit creux commence à se manifester du côté de l’estomac.
Nous y voilà donc. Oh, surprise, un petit apéro bien sympa nous attend. Il a été préparé par Nathalie pour fêter les dix-huit ans du « sale gosse » (pseudo sur le forum Migrateurs). Le dieu des huttiers a dû entendre ma supplique. Merci Saint Hubert. Mon jambon–beurre a soudainement des allures de fête.
Les sandwiches avalés, nous filons sur les bords de la réserve et nous nous installons dans le grand poste d’observation. D’après brocard 59, il y aurait beaucoup de siffleurs, du colvert, de la sarcelle d'hiver, des oies rieuses. Des oies cendrées… « Quoi, oie ? vous avez dit oie » ?
Mais je suis venu pour les voir, moi. Où sont-elles ? « Où sont-elles ? Où sont-elles ?», reprendrez-vous en chœur chers lecteurs sur des charbons ardents ? Pire que l’attente de Johnny au stade de France n’est-ce pas. A peine la question posée, aussitôt elles arrivent dans toute leur splendeur. C’est d’elles, tiens que je parlais : les zonzons. Alors, qu’en pensez-vous ? Ca ne vous laisse pas béats d’admiration et la bouche ouverte ?
Ben aller, juste pour les yeux, Comme je ne suis pas chien, en voilà une autre, juste pour vous. Je suis gentil, heiiiin ?
Des oies, on en voit, certes, mais nous nous attendions à mieux. Reconnaissons que nous en voyons beaucoup de petits voliers de cinq à une soixantaine de bêtes. Bref, ne gâchons pas notre plaisir. Beaucoup de participants ont déjà de quoi immortaliser cette sortie. Les mémoires des appareils doivent déjà être bien remplies de belles images, presqu’autant que celles des « migrateurs ».
D’ailleurs, eux aussi se mettent en bande pour la photo de famille comme vous pouvez le constater
Vers quinze heures nous remettons en route vers le « réservoir » (environ 170ha) qui alimente la ville de Dyksmuide. Sur le chemin nous rencontrons quelques oies qui nous regardent passer sans réagir. Elles ont belles, ne trouvez-vous pas ?
Une minute plus tard nous tombons sur un véritable congrès de rieuses
Mieux qu’une envolée lyrique je trouve. Et pour les plus observateurs, vous avez vu ce qu’il reste au sol ? Ce n’est pas une belle volée ça ? Après avoir, à nouveau mitraillé en long, en large et en travers, nous continuons vers le « réservoir ».
Les voitures arrêtent quelques instants et c’est la ruée sur l’escalier. La troupe revient, dépitée, il n’y a rien à voir ; Je souris en pensant aux petites bandes qui me sont passées à une dizaine de mètres au-dessus de la tête pendant que les autres galopaient vers le sommet de la retenue d’eau. Nous réintégrons les véhicules avec le soleil
qui daigne se montrer, mais l’effet est gâché par un petit vent plutôt aigrelet.
La chenille, pardon, la caravane redémarre. La route est étroite et bien humide. Logique me direz-vous. Et voilà, ce que je craignais, il va falloir faire demi- tour. Et l’autre terme de l’alternative, c’est de faire marche arrière alors que les bas-côtés sont quasiment impraticables. Curieusement, pas le moindre incident à noter au cours de la manœuvre collective. Quelle maestria !
Nous continuons durant quelques centaines de mètres, soudain, arrêt de la caravane. Les passagers giclent littéralement des véhicules. Que se passe-t-il ? Ah, bien sûr. L’image est dantesque. Quelques photographes se sont avancés pour faire envoler le troupeau. Opération commando réussie. Le ciel parait obscurci par le nuage d’oies qui s’élève de la pâture dans un cacardage assourdissant.
Après avoir longuement admiré les centaines de rieuses évoluer de pâture en pâture puis se reposer plus ou moins loin de nous, nous redémarrons et prenons la direction de L’Yser. Le soleil commence à descendre très fort sur l’horizon. Nous ne nous attardons pas, si ce n’est pour photographier les siffleurs qui barbotent dans les flaques laissées par la dernière inondation.
Maintenant de gros nuages de plus en plus sombres obscurcissent le ciel. Nous quittons la Belgique et rejoignons notre dernier objectif : Téteghem. Nous longeons le canal de la haute Colme et laissons les flaques d’Hondschoote sur notre gauche. Après avoir suivi le canal des chats nous nous engageons sur un chemin empierré vers les huttes du coin. Rassemblement général autour du verre de l’amitié et des délicieux petits fours que Nathalie nous propose pour clore et fêter, une dernière fois, l’anniversaire du « sale gosse » (Matthieu). Cette réunion très sympathique, outre nous avoir fait découvrir certains lieux de cocagne des chasseurs d’oies, nous a permis de mettre des visages sur de nombreux pseudos.
Peu à peu, le groupe se disloque. Loïc, qui a encore une longue route à faire pour rejoindre ses pénates, donne le signal du départ. Nous quittons à regret le reste des convives, mais bon, quand faut y aller, faut y aller n’est-ce pas .Comme je suis le « régional de l’étape » je jouerai les GPS jusqu’à La chapelle d’Armentières. J’en profite pour leur indiquer les huttes d’Uxem et du « dépotoir » alors que le jour s’éteint de plus en plus vite. Nous sommes assez silencieux quand même dans la voiture. De temps à autre quelques mots sont échangés, mais nous restons plongés dans nos pensées. Nous sommes arrivés. Je prends congé de mes deux co-voituriers, et Dunkerque, me voilà.
Sur l’autoroute la neige commence à tomber en flocons minuscules aussitôt balayés par le vent. Et pourtant les images de la journée ne cessent de défiler devant mes yeux. Les questions s’entrechoquent également. Elles sont là depuis des semaines, et pourtant nous n’en avons quasi pas vu descendre. Nulle part dans la région elles n’ont été aperçues. Elles se déplacent constamment d’un lieu à un autre. Les champs sont, pour la plupart, couverts d’eau. Il y a beaucoup de près et de bandes de roseaux, plein de petits fossés. Du côté français, dès que l’Yser déborde, on voit débouler les canards par bandes entières.
Une chose est sure, j’y retournerai cet été afin de voir quelles sont les cultures plantées dans ce coin pour comprendre. J’arrive en vue de Dunkerque, une dernière pensée pour cette super journée et un petit serrement de cœur à l’idée qu’elles vont bientôt repartir vers le Nord.
Je remercie l’équipe de « Migrateurs » pour cette super journée avec une organisation qui fut sans faille, Brocard59, pour la mise en place de l’expédition de même que Nathalie dont je vous recommande vivement les petits gâteaux. Il ne faut pas oublier, bien sûr, le site qui nous autorise à utiliser les photos que vous pouvez admirer dans cet article
avec l’aimable autorisation de jeanjean33
Guy Duhem