Rats musqués, lapins, corbeaux, accompagnés d'agriculteurs remontés, se sont invités hier, malgré eux, à la préfecture du Pas-de-Calais. But de la manifestation : dénoncer les dégâts causés par les nuisibles. Un message entendu.
« Cette manifestation veut montrer le ras-le-bol des agriculteurs face aux dégâts causés par la faune sauvage en tous genres : espèces classées, nuisibles, espaces protégés ». Sur la Grand-Place d'Arras, Pierre Hannebique, secrétaire général de la FDSEA du Pas-de-Calais, comme trois cents collègues, est déterminé avant d'aller à la préfecture : « Le problème est d'autant plus important, précise-t-il, que les agriculteurs ont du mal à obtenir des indemnisations pour ces dégâts... » Et pour joindre l'acte à la parole, certains de ces « nuisibles » sont emmenés en convoi, à travers le centre-ville, pour être lâchés vers 13 h devant la préfecture.
« C'est un problème qui prend de l'ampleur, poursuit Pierre Hannebique, notamment avec la multiplication des zones naturelles, protégées, non chassées où on ne maîtrise pas du tout la prolifération des espèces ». Car les agriculteurs - pour certains chasseurs - se placent en « régulateurs », « défenseurs » de l'environnement. Voyant dans le développement des espèces le fait même que l'agriculture d'aujourd'hui « est compatible avec l'environnement, avec le développement de la faune », comme le souligne Christian Durlin, président FDSEA. À condition « que les agriculteurs puissent travailler et vivre ».
Plus de moyens...
Agriculteur à La Comté, près de Saint-Pol, Pierre Hannebique cite notamment le cas des rats musqués contre lesquels il n'y a « pratiquement plus de moyens de lutte », notamment depuis l'arrêt des moyens chimiques. Matthieu Léguillet, agriculteur à Frévent, dénonce les problèmes causés par le blaireau - des trous énormes au milieu des cultures - et un piégage qui « n'ouvre qu'à partir du 15 mai ».
Au moment où le maïs est à une bonne hauteur. « Il faudrait pouvoir mettre des pièges pendant l'hiver », réclame-t-il.
Autre secteur touché : le littoral... Porte-parole d'une dizaine d'exploitations près d'Étaples, Guy Fayol évoque des dégâts « sur une surface avoisinant les 100 ha : parcelles rasées, etc. ». En cause : les lapins qui « proviennent de prairies calcaires dont la gestion a été confiée au conservatoire des espaces naturels ». Le problème pour lui est que « cette mission n'est pas remplie : le conservatoire n'entretient pas les parcelles qui deviennent un lieu idéal pour la reproduction des lapins ». Si, dans ce cas précis, l'agriculteur demande qu'il assure sa mission - « sinon, il doit clôturer ses parcelles » - pour les autres, les agriculteurs réclament que le préfet prenne les choses en main.... Avec pêle-mêle « des espèces recensées, des moyens de lutte adaptés, la possibilité de les chasser et un retour aux moyens de destruction chimique ».
Sans se prononcer sur ces mesures, le préfet a au moins entendu l'appel des agriculteurs, reçus peu après. Un entretien d'une heure et la promesse par le préfet de « trouver un moyen de réguler cette faune de façon efficace sans détruire les espèces, grâce à une réflexion menée avec le monde agricole et les chasseurs qui respectent l'environnement, les impératifs de l'agriculture et les espèces de la faune sauvage ». De quoi calmer pour un temps les agriculteurs. En attendant mieux.
Quid des espaces naturels sensibles ?
C'est un accident rare qui a marqué les esprits. Peu avant Noël dernier, un sanglier a blessé trois hommes lors d'une traque à Wissant. Il s'agissait d'une battue organisée sur un territoire géré par Eden 62 (espace départemental naturel du Pas-de-Calais). Aujourd'hui, les chasseurs n'hésitent pas à mettre en cause ces territoires préservés (le conseil général utilise son droit de préemption quand un espace a une valeur écologique). Dans le Pas-de-Calais, Eden 62 gère ainsi une soixantaine de sites, ce qui représente moins de 0,7 % du territoire. « Mais il n'en faut pas beaucoup pour qu'il y ait une vraie profusion des espèces », estime Michel Marcotte, président de la fédération des chasseurs. À Eden 62, on reconnaît une prolifération des espèces, surtout des sangliers et des lapins et ce, depuis deux ou trois ans. Mais la structure souligne qu'elle travaille en lien avec les chasseurs pour réguler les espèces : « On augmente régulièrement le nombre de journées de chasse pour régler le problème. » Mais là aussi, on laisse entendre que le problème paraît parfois « sans fin ».
« Cette manifestation veut montrer le ras-le-bol des agriculteurs face aux dégâts causés par la faune sauvage en tous genres : espèces classées, nuisibles, espaces protégés ». Sur la Grand-Place d'Arras, Pierre Hannebique, secrétaire général de la FDSEA du Pas-de-Calais, comme trois cents collègues, est déterminé avant d'aller à la préfecture : « Le problème est d'autant plus important, précise-t-il, que les agriculteurs ont du mal à obtenir des indemnisations pour ces dégâts... » Et pour joindre l'acte à la parole, certains de ces « nuisibles » sont emmenés en convoi, à travers le centre-ville, pour être lâchés vers 13 h devant la préfecture.
« C'est un problème qui prend de l'ampleur, poursuit Pierre Hannebique, notamment avec la multiplication des zones naturelles, protégées, non chassées où on ne maîtrise pas du tout la prolifération des espèces ». Car les agriculteurs - pour certains chasseurs - se placent en « régulateurs », « défenseurs » de l'environnement. Voyant dans le développement des espèces le fait même que l'agriculture d'aujourd'hui « est compatible avec l'environnement, avec le développement de la faune », comme le souligne Christian Durlin, président FDSEA. À condition « que les agriculteurs puissent travailler et vivre ».
Plus de moyens...
Agriculteur à La Comté, près de Saint-Pol, Pierre Hannebique cite notamment le cas des rats musqués contre lesquels il n'y a « pratiquement plus de moyens de lutte », notamment depuis l'arrêt des moyens chimiques. Matthieu Léguillet, agriculteur à Frévent, dénonce les problèmes causés par le blaireau - des trous énormes au milieu des cultures - et un piégage qui « n'ouvre qu'à partir du 15 mai ».
Au moment où le maïs est à une bonne hauteur. « Il faudrait pouvoir mettre des pièges pendant l'hiver », réclame-t-il.
Autre secteur touché : le littoral... Porte-parole d'une dizaine d'exploitations près d'Étaples, Guy Fayol évoque des dégâts « sur une surface avoisinant les 100 ha : parcelles rasées, etc. ». En cause : les lapins qui « proviennent de prairies calcaires dont la gestion a été confiée au conservatoire des espaces naturels ». Le problème pour lui est que « cette mission n'est pas remplie : le conservatoire n'entretient pas les parcelles qui deviennent un lieu idéal pour la reproduction des lapins ». Si, dans ce cas précis, l'agriculteur demande qu'il assure sa mission - « sinon, il doit clôturer ses parcelles » - pour les autres, les agriculteurs réclament que le préfet prenne les choses en main.... Avec pêle-mêle « des espèces recensées, des moyens de lutte adaptés, la possibilité de les chasser et un retour aux moyens de destruction chimique ».
Sans se prononcer sur ces mesures, le préfet a au moins entendu l'appel des agriculteurs, reçus peu après. Un entretien d'une heure et la promesse par le préfet de « trouver un moyen de réguler cette faune de façon efficace sans détruire les espèces, grâce à une réflexion menée avec le monde agricole et les chasseurs qui respectent l'environnement, les impératifs de l'agriculture et les espèces de la faune sauvage ». De quoi calmer pour un temps les agriculteurs. En attendant mieux.
Quid des espaces naturels sensibles ?
C'est un accident rare qui a marqué les esprits. Peu avant Noël dernier, un sanglier a blessé trois hommes lors d'une traque à Wissant. Il s'agissait d'une battue organisée sur un territoire géré par Eden 62 (espace départemental naturel du Pas-de-Calais). Aujourd'hui, les chasseurs n'hésitent pas à mettre en cause ces territoires préservés (le conseil général utilise son droit de préemption quand un espace a une valeur écologique). Dans le Pas-de-Calais, Eden 62 gère ainsi une soixantaine de sites, ce qui représente moins de 0,7 % du territoire. « Mais il n'en faut pas beaucoup pour qu'il y ait une vraie profusion des espèces », estime Michel Marcotte, président de la fédération des chasseurs. À Eden 62, on reconnaît une prolifération des espèces, surtout des sangliers et des lapins et ce, depuis deux ou trois ans. Mais la structure souligne qu'elle travaille en lien avec les chasseurs pour réguler les espèces : « On augmente régulièrement le nombre de journées de chasse pour régler le problème. » Mais là aussi, on laisse entendre que le problème paraît parfois « sans fin ».