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    Qui défend réellement l’environnement à Bruxelles ?

    eric76
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    Qui défend réellement l’environnement à Bruxelles ?  Empty Qui défend réellement l’environnement à Bruxelles ?

    Message par eric76 Lun Mar 25 2024, 18:40

    Qui défend réellement l’environnement à Bruxelles ? Les votes parlent plus que les beaux discours
    En analysant plus de cent mille votes des eurodéputés sur les questions écologiques, l’ONG Bloom a noté les bons et les mauvais élèves de la cause du climat à Bruxelles. Des résultats éclairants. Entretien avec Alessandro Manzotti, chercheur.
    Le Parlement européen lors d'une session de vote en 2019.
    Le Parlement européen lors d'une session de vote en 2019. Photo Marc Ollivier/PhotoPQR/Ouest France/MAXPPP

    Par Weronika Zarachowicz

    Publié le 20 mars 2024 à 10h00


    Les votes des représentants du Rassemblement national, des Écologistes ou de Renaissance au Parlement européen sont-ils raccords avec leurs discours sur le climat ? Qui défend vraiment l’environnement à Bruxelles ? Pour y voir plus clair, l’ONG Bloom a passé au peigne fin plus de cent mille votes des eurodéputés au cours des cinq dernières années, pour attribuer des notes aux différents groupes (les résultats détaillés et les performances écologiques des groupes politiques et des délégations nationales sont consultables ici). Entretien avec le chercheur Alessandro Manzotti, chargé de plaidoyer chez Bloom et maître d’œuvre de cette boussole, ô combien précieuse à quelques mois du scrutin du 9 juin prochain.

    Cent mille votes, c’est considérable… Comment avez-vous procédé pour les analyser ?
    C’était nécessaire pour apprécier la cohérence entre les discours et promesses des partis, d’une part, et les actions législatives concrètes, d’autre part. Nous avons donc décidé d’analyser les votes de l’ensemble des eurodéputés, issus des vingt-sept pays membres et de plus de deux cents partis, au cours des cinq dernières années, sur cent cinquante textes cruciaux − lois, directives, règlements, amendements… Ce qui représente plus de cent mille votes individuels sur quatre grands thèmes : la lutte contre le changement climatique, la préservation de l’océan et la pêche artisanale, la protection de la biodiversité et l’agriculture durable et, enfin, la promotion de la justice et des droits environnementaux. Cela nous a permis d’évaluer la performance environnementale des huit groupes politiques qui siègent au Parlement européen [les groupes sont les grandes alliances qui rassemblent les partis et parlementaires affichant une orientation politique commune, ndlr] ainsi que de l’ensemble des délégations nationales qui constituent ces groupes.

    Ils se divisent en trois groupes : “les bâtisseurs”, “les hypocrites” et “les casseurs”.

    Qui obtient la meilleure note ?
    Premier constat, le Parlement européen est divisé en trois grands blocs. En tête de notre palmarès, on trouve celui des « bâtisseurs » : issus de la gauche, ils ont toujours promu une politique ambitieuse du point de vue environnemental et social. On leur doit les avancées obtenues lors de cette mandature 2019-2024, qu’il s’agisse des normes d’émission plus strictes pour les véhicules à moteur à combustion ou de l’interdiction d’importer en Europe des produits liés à la déforestation.

    Ce bloc de gauche écologique est constitué de trois groupes : les Verts (où siègent les Écologistes français ou le Parti vert allemand), The Left (où se retrouvent La France insoumise et la Gauche républicaine et socialiste) et les Socialistes et Démocrates européens (groupe auquel appartiennent le Parti socialiste, Nouvelle Donne et Place publique). C’est le groupe des Verts qui obtient la meilleure note, quasi parfaite : 19,78/20 ! Au sein de ce groupe, la délégation danoise est en première position (avec 19,92) suivie de la délégation française, dont font partie les eurodéputés écologistes (avec 19,88).

    Juste derrière les Verts, on trouve le groupe The Left, avec 19,04 − la délégation française y réalise une excellente performance (19,71). Quant au groupe des Socialistes et Démocrates européens, il obtient une note de 16,65, et la délégation française y est en tête avec 19,03.

    Jordan Bardella, le chef de liste du Rassemblement national aux européennes, répète qu’« il ne faut pas laisser l’écologie à la gauche ». Cette préoccupation se traduit-elle au Parlement européen ?
    Pas du tout ! C’est même l’inverse puisque les pires scores sont détenus par les groupes d’extrême droite qui ont tous un profil de vote climatosceptique : les Conservateurs et Réformateurs européens (ECR, où siègent les députés Reconquête !) et Identité et Démocratie (dont le RN est le seul membre français) obtiennent les notes respectives de 2,53 et 3,34… On y retrouve bien sûr les principaux alliés de l’extrême droite française : la délégation espagnole ECR composée exclusivement du parti VOX (avec 1,82) ; les ECR polonais (dont Prawo i Sprawiedliwość (PiS) avec une note de 1,86 ; ou encore les ID italiens, alliés du Rassemblement national, la Lega (2,06)… Quant au groupe du Parti populaire européen (PPE), dont fait partie la délégation française des Républicains, il fait à peine mieux avec une note de 3,79.

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    Vous les avez dénommés les « casseurs » ?
    Effectivement, ils ont saboté une partie du Green Deal ces dernières années, comme la récente loi sur la restauration de la nature, votée par le Parlement mais devenue une coquille vide, notamment sur la protection de l’océan. Ils s’acharnent à bloquer les mesures en faveur de la santé et des droits des citoyens et des travailleurs, dont les agriculteurs et les pêcheurs. Et ils s’opposent à toute forme de reconnaissance, même symbolique, de la crise environnementale et climatique ! Ils ont, par exemple, voté contre (le RN s’est abstenu) l’invitation à inscrire un droit à un environnement sûr, propre, sain et durable dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. On peut aussi citer le vote concernant la souscription à la Convention d’Aarhus, qui vise à garantir l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement : le RN a voté contre. Bref, nous sommes face à un double langage de la part d’une extrême droite française qui accuse l’Europe d’être une machine bureaucratique, opaque et inaccessible aux citoyens, et qui s’oppose en réalité à toute amélioration…

    Et qu’en est-il des eurodéputés macronistes ?
    Ils appartiennent au troisième bloc, qui joue un rôle crucial dans les votes du Parlement européen. Car ni les groupes de gauche ni ceux de la droite conservatrice et extrême ne disposent à eux seuls de la majorité pour faire passer leurs textes. Ils ont donc besoin d’alliances avec le groupe Renew (auquel appartiennent Renaissance, MoDem, Horizons), dirigé jusqu’en janvier dernier par Stéphane Séjourné, aujourd’hui ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Nous les avons surnommés les « hypocrites », avec une note globale de 11,91, même s’ils s’affichent comme des promoteurs de l’écologie et sont à la tête de deux commissions essentielles : Environnement et Océans et pêche.

    Pourquoi les avoir appelés « hypocrites » ?
    Parce que leurs députés se divisent sur la plupart des votes. On y trouve à la fois le pire, avec la délégation tchèque (qui obtient 5,41) et la délégation allemande (5,52), et le meilleur, avec les Slovaques (16,95). Quant à la délégation française, elle s’en sort honorablement avec un 14,63, mais s’est retrouvée constamment tiraillée entre des positions totalement contradictoires. Résultat, en rassemblant des délégations aux positions écologiques opposées, le groupe Renew a fragilisé, voire empêché, des textes cruciaux sur les questions environnementales. Il a été impossible de compter sur lui pour défendre une réelle ambition écologique, et beaucoup de votes au Parlement européen se sont ainsi transformés en roulette russe, dont l’issue était extrêmement difficile à prévoir… On peut aussi citer la directive sur le devoir de vigilance des entreprises (qui vise à les charger de garantir la durabilité environnementale et sociale), vidée de sa substance à cause de l’opposition des libéraux allemands et des représentants de Renaissance. Voilà pourquoi passer au crible les votes de nos eurodéputés, rendre visible ce qu’ils font vraiment au Parlement, au-delà des annonces publiques, permet aux citoyens d’y voir plus clair et de leur demander des comptes…

    La loi Climat et résilience : à peine adoptée, déjà dépassée

    Quel bilan faites-vous de cette mandature sur le plan environnemental ?
    Elle s’est avérée extrêmement tendue, avec des avancées mais aussi des affrontements majeurs au sujet du Pacte vert, au centre des activités législatives de la Commission et du Parlement. Il s’agit aujourd’hui d’éviter le pire, autrement dit de voir les « casseurs » de l’extrême droite et de la droite conservatrice gagner du terrain et bloquer tout progrès sur les fronts de la protection et de la justice environnementales et sociales. Car, même si les citoyens n’en ont pas toujours conscience, l’activité du Parlement européen a bel et bien des impacts considérables, potentiellement positifs, sur nos vies et notre avenir en matière environnementale et sociale.


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      La date/heure actuelle est Lun Mai 20 2024, 03:52