La Région va financer un radar à 180 000 € pour permettre aux chasseurs de mieux recenser les oiseaux migrateurs. Les écologistes dénoncent du « clientélisme ».
Le 22 novembre 2018, la Région a décidé d’octroyer 180 000 € à la Fédération des chasseurs de Normandie pour l’acquisition d’un radar. Les chasseurs entendent ainsi mener leur propre étude scientifique, sur quatre ans, avec l’Institut scientifique Nord-Est-Atlantique (Isnea). « Avec cet outil, nous aurons une image réelle de l’état des populations d’oiseaux migrateurs, confirme Gérard Bamas, président de la fédération manchoise et président du conseil scientifique de l’Isnea depuis août 2018. Les coûts de fonctionnement, le traitement des données, seront financés par les fédérations départementales. »
Ce radar ornithologique, mobile, sera opérationnel en juin 2019. « D’abord implanté dans la baie des Veys, il sera ensuite déplacé en baie de Seine puis dans l’Orne. » Sur le terrain, le radar ne sera pas visible et l’endroit où il sera installé, tenu secret, pour éviter qu’il ne soit vandalisé.
« 113 espèces d’oiseaux dont 64 chassables »
Concrètement, avec son faisceau à 90 degrés, « ce radar permettra de compter les oiseaux au plus près, à 50 m et jusqu’à 6 000 m de hauteur. Chaque oiseau affiche, avec le battement de ses ailes, sa propre signature ». Dans la région, il y a « 113 espèces d’oiseaux, dont 64 chassables » . Le but pour Gérard Damas est aussi de « visualiser les trajets des migrations hivernales et le retour des oiseaux pour nidification ».
Cette étude pourrait-elle impacter les dates d’ouverture et de fermeture de la chasse ? Cela n’est pas exclu par le président de la fédération manchoise. « Nous savons déjà que les oies cendrées, très nombreuses dans le nord de l’Europe, font des ravages dans les cultures. Si l’on constatait un tel phénomène chez nous, on pourrait prolonger la période de chasse, de mi-janvier à février. »
Pas du goût des écologistes
De leur côté, les représentants d’Europe-Écologie Les Verts, Laurent Huet, responsable du groupe local coutançais et Laetitia Sanchez, conseillère régionale, pointent du doigt ce programme articulé autour du courlis cendré, du petit gibier et des oiseaux migrateurs de la baie des Veys : « Des espèces considérées comme des gibiers par les chasseurs », ainsi que l’achat de ce radar à 180 000 €. Ils dénoncent : « Sous prétexte de préservation, la Région privilégie un rapprochement avec les chasseurs, par simple clientélisme, et pour récompenser un partenaire de sa majorité. »