[ltr]MÉFIEZ-VOUS DE LA LEPTOSPIROSE ![/ltr]
mar, 29/04/2014 - 12:40
Après deux ans de préparation, l’Entente de Lutte Interdépartementale contre les Zoonoses (ELIZ) a réuni en 2012 un groupe de travail afin de planifier sur l’ensemble des 45 départements situés au nord d’une ligne reliant le Morbihan jusqu’aux Hautes-Alpes, un vaste programme d’investigation sur une maladie bactérienne majeure en réémergence : la leptospirose. Il s’agit d’une zoonose présente aux quatre coins du monde. Celle-ci est le fait d’une bactérie de la famille des Leptospires de l’ordre des Spirochètes tout comme la syphilis et la maladie de Lyme.
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Dans l’environnement, les leptospires se développent principalement dans les reins de certains mammifères, sauvages ou domestiques. Evacués dans les urines, ils contaminent ainsi les sols et les eaux de surface stagnantes ou courantes. Les bactéries attendent alors le passage d’un nouvel hôte et y pénètrent via les lésions cutanées ou les muqueuses. Bien que pratiquement tous les mammifères puissent entrer en contact régulièrement avec les bactéries (présence d’anticorps dans le sang), leur sensibilité et leur aptitude à émettre des leptospires varie suivant chaque espèce. La leptospirose peut avoir des conséquences graves en termes de santé animale ou humaine et d’économie. En effet, elle provoque dans les élevages bovins, ovins et porcins des avortements et des faiblesses chez les juvéniles diminuant le rendement. Les chiens et les chevaux sont très sensibles à cette maladie qui entraine la mort chez les canidés et qui est source de cécité pour nos équidés.
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« L’homme est également susceptible de développer cette maladie qui provoque des fièvres très fortes, des douleurs intenses et des insuffisances rénales ou hépatiques pouvant être fatales dans les cas les plus graves » précise Benoît Combes, directeur de l’ELIZ. « Entre 250 et 500 cas humains sont recensés annuellement dans l’hexagone. 5 à 10 % de ces cas s’avèrent très graves, parfois mortels (1%). La maladie n’étant cependant pas à déclaration obligatoire, ce chiffre ne représente qu’un minimum. Toutes les activités en lien avec les milieux où l’eau est présente peuvent être considérées aujourd’hui comme à risque. Autant dire que les chasseurs sont étroitement concernés. » Si des traitements antibiotiques à spectre large sont très efficaces quand la pathologie est diagnostiquée à temps, les leptospires représentent toutefois un groupe très complexe et difficile à contrôler. Il existe en effet un très grand nombre de souches bactériennes appelés « sérogroupes » qui n’ont ni la même pathogénicité, ni la même localisation dans le temps et l’espace, ni la même fréquence d’apparition, ni les même espèces hôtes. Bien quedes vaccins existent, la complexité de ce groupe et l’importance croissante de cette zoonose chez l’homme, rendent la stratégie préventive très délicate mais logiquement très attendue.
On sait que les rongeurs (rats, ragondins, rats musqués, etc.) représentent un réservoir majeur des leptospires. Ils n’en souffrent pas mais excrètent abondamment les bactéries dans l’eau. En revanche, trop peu d’études s’intéressent au potentiel de portage rénal et donc d’excrétion et de dissémination des autres espèces mammifères. « Cela permettrait pourtant d’identifier les espèces génétiques et « sérovars » de leptospires les plus fréquents en France » explique Benoît Combes. « C’est un point crucial en vue de développer des outils de prophylaxie efficaces. C’est pour cela que le protocole retenu par l’ELIZ prévoit donc de collecter des reins d’animaux dont les prélèvements sont réalisés par les fédérations de chasseurs. Aucun animal ne sera prélevé spécialement pour cette étude. Les reins proviendront d’animaux tués à la chasse ou suite au piégeage ou accidentés sur les routes et collectés grâce à la structure opérationnelle du réseau SAGIR. » L’objectif est d’obtenir 10 reins par espèce sur une vingtaine d’espèces mammifères par département, de la belette jusqu’au cerf, en excluant les rongeurs et les chiroptères. Une première étape d’analyse dite de screening sera effectuée par les Laboratoires Vétérinaires Départementaux à l’aide de la biologie moléculaire (PCR). Le laboratoire des leptospires à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon (VETAGROSUP) prendra en charge l’identification génétique des échantillons positifs.
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C’est donc toute une organisation structurelle multi-partenariale que l’ELIZ est en train de mettre en place et coordonne dans cet ambitieux projet totalement inédit. La réussite de cette action d’envergure passera par l’activation et la coordination du réseau de compétences des partenaires locaux et institutionnels d’ELIZ. Il est bon de rappeler que sans l’accord et la participation financière des Conseils Généraux de chaque département, ce vaste chantier d’investigation ne serait pas réalisable. En 2012, 24 départements ont répondu favorablement à ce projet et chacun espère qu’ils seront rejoints par d’autres. « Plus de 1000 échantillons de reins ont déjà été prélèves sur 21 espèces différentes » précise Benoît Combes. «La leptospirose, à laquelle les chasseurs et leurs chiens sont régulièrement confrontés partout sur le territoire national a ainsi suscité le même désir de coopération de la part de toutes les FDC dans le territoire ELIZ ainsi que des laboratoires vétérinaires départementaux. Il s’agit d’un investissement local modeste pour une action de coopération interdépartementale unique réalisée grâce aux laboratoires vétérinaires et aux Fédérations des chasseurs. Il serait vraiment intéressant que tous les départements participent. » Il n’existe en France aucun autre programme qu’il soit scientifique, économique ou social qui soit suivi par autant de Conseils Généraux et d’acteurs locaux départementaux mettant en application exactement le même protocole. De l’avis des spécialistes de la leptospirose, ce programme devrait ouvrir d’énormes perspectives en termes de lutte contre cette zoonose. Le chasseur est généralement conscient des dangers qui le guettent. C’est un homme de terrain, une sentinelle sanitaire dont la science n’a aucune raison de se priver.
André Michelet
Encadré : Chasseurs, ne sous estimez pas la leptospirose
La leptospirose est probablement la zoonose la plus répandue dans le monde. Même les animaux ne présentant aucun symptôme peuvent héberger de très nombreuses bactéries dans leurs reins. Il convient donc de se méfier de cette maladie « comme de la peste ».
L'homme contracte la maladie par un contact direct avec l'urine ou des tissus d'un animal infecté ou indirectement via le sol, la végétation ou l'eau contaminée. La leptospirose humaine peut survenir à tout âge et en toute saison.
Symptômes
La forme typique : Le début est généralement brutal, avec une céphalée (maux de tête) habituellement frontale. De vives douleurs musculaires surviennent dans la plupart des cas. Les myalgies peuvent s'accompagner d'une très vive hyperesthésie cutanée (sensibilité accrue de la peau). Les frissons sont bien souvent suivis d'une ascension thermique rapide.
Les formes sévères associent une diminution des urines (ou une disparition) qui est signe d’insuffisance rénale, atteintes neurologiques et des hémorragies sérieuses pouvant être sérieuses (pulmonaires, digestives). Le rétablissement est long mais généralement sans séquelle. La mortalité atteint toutefois 3 à 5 % des malades.
Recommandations(*) :
Piégeurs : Il faut impérativement suivre les recommandations reçues lors des formations piégeage, notamment porter impérativement des gants pour manipuler les animaux et suivant la fréquence de vos interventions et des lieux de piégeage de se faire vacciner
Chasseurs de gibier d’eau ou pêcheurs : Mettre le plus souvent possible des petits gants en latex pour se protéger notamment dans les zones infestées par les rongeurs ou pour la manipulation des espèces, tels les ragondins. Il est possible de tendre les canards avec ces gants et de manipuler les fiches et autres accessoires sans prendre de risque. Faire attention aux souillures d’urine dans le grain de vos appelants par les rats noirs porteurs eux aussi de cette bactérie. Pour les pêcheurs des départements et des zones à risque notamment à forte concentration de ragondins, ne pas se laver les mains dans l’étang.
Ne sous-estimez pas cette maladie qui a emporté un sauvaginier girondin cet hiver. Protégez-vous et au moindre doute, consultez votre médecin le plus rapidement possible.[/font][/font][/color][/ltr][/size]
mar, 29/04/2014 - 12:40
Une vaste enquête démarre et mobilise les chasseurs de nombreux départements.
[ltr]Après deux ans de préparation, l’Entente de Lutte Interdépartementale contre les Zoonoses (ELIZ) a réuni en 2012 un groupe de travail afin de planifier sur l’ensemble des 45 départements situés au nord d’une ligne reliant le Morbihan jusqu’aux Hautes-Alpes, un vaste programme d’investigation sur une maladie bactérienne majeure en réémergence : la leptospirose. Il s’agit d’une zoonose présente aux quatre coins du monde. Celle-ci est le fait d’une bactérie de la famille des Leptospires de l’ordre des Spirochètes tout comme la syphilis et la maladie de Lyme.
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Des conséquences graves sur la santé et l’économie.
[size][ltr][color][font][font]Dans l’environnement, les leptospires se développent principalement dans les reins de certains mammifères, sauvages ou domestiques. Evacués dans les urines, ils contaminent ainsi les sols et les eaux de surface stagnantes ou courantes. Les bactéries attendent alors le passage d’un nouvel hôte et y pénètrent via les lésions cutanées ou les muqueuses. Bien que pratiquement tous les mammifères puissent entrer en contact régulièrement avec les bactéries (présence d’anticorps dans le sang), leur sensibilité et leur aptitude à émettre des leptospires varie suivant chaque espèce. La leptospirose peut avoir des conséquences graves en termes de santé animale ou humaine et d’économie. En effet, elle provoque dans les élevages bovins, ovins et porcins des avortements et des faiblesses chez les juvéniles diminuant le rendement. Les chiens et les chevaux sont très sensibles à cette maladie qui entraine la mort chez les canidés et qui est source de cécité pour nos équidés.
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Les chasseurs sont étroitement concernés
[size][ltr][color][font][font]« L’homme est également susceptible de développer cette maladie qui provoque des fièvres très fortes, des douleurs intenses et des insuffisances rénales ou hépatiques pouvant être fatales dans les cas les plus graves » précise Benoît Combes, directeur de l’ELIZ. « Entre 250 et 500 cas humains sont recensés annuellement dans l’hexagone. 5 à 10 % de ces cas s’avèrent très graves, parfois mortels (1%). La maladie n’étant cependant pas à déclaration obligatoire, ce chiffre ne représente qu’un minimum. Toutes les activités en lien avec les milieux où l’eau est présente peuvent être considérées aujourd’hui comme à risque. Autant dire que les chasseurs sont étroitement concernés. » Si des traitements antibiotiques à spectre large sont très efficaces quand la pathologie est diagnostiquée à temps, les leptospires représentent toutefois un groupe très complexe et difficile à contrôler. Il existe en effet un très grand nombre de souches bactériennes appelés « sérogroupes » qui n’ont ni la même pathogénicité, ni la même localisation dans le temps et l’espace, ni la même fréquence d’apparition, ni les même espèces hôtes. Bien quedes vaccins existent, la complexité de ce groupe et l’importance croissante de cette zoonose chez l’homme, rendent la stratégie préventive très délicate mais logiquement très attendue.
On sait que les rongeurs (rats, ragondins, rats musqués, etc.) représentent un réservoir majeur des leptospires. Ils n’en souffrent pas mais excrètent abondamment les bactéries dans l’eau. En revanche, trop peu d’études s’intéressent au potentiel de portage rénal et donc d’excrétion et de dissémination des autres espèces mammifères. « Cela permettrait pourtant d’identifier les espèces génétiques et « sérovars » de leptospires les plus fréquents en France » explique Benoît Combes. « C’est un point crucial en vue de développer des outils de prophylaxie efficaces. C’est pour cela que le protocole retenu par l’ELIZ prévoit donc de collecter des reins d’animaux dont les prélèvements sont réalisés par les fédérations de chasseurs. Aucun animal ne sera prélevé spécialement pour cette étude. Les reins proviendront d’animaux tués à la chasse ou suite au piégeage ou accidentés sur les routes et collectés grâce à la structure opérationnelle du réseau SAGIR. » L’objectif est d’obtenir 10 reins par espèce sur une vingtaine d’espèces mammifères par département, de la belette jusqu’au cerf, en excluant les rongeurs et les chiroptères. Une première étape d’analyse dite de screening sera effectuée par les Laboratoires Vétérinaires Départementaux à l’aide de la biologie moléculaire (PCR). Le laboratoire des leptospires à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon (VETAGROSUP) prendra en charge l’identification génétique des échantillons positifs.
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Plus de 1000 échantillons de reins ont déjà été prélevés
[size][ltr][color][font][font]C’est donc toute une organisation structurelle multi-partenariale que l’ELIZ est en train de mettre en place et coordonne dans cet ambitieux projet totalement inédit. La réussite de cette action d’envergure passera par l’activation et la coordination du réseau de compétences des partenaires locaux et institutionnels d’ELIZ. Il est bon de rappeler que sans l’accord et la participation financière des Conseils Généraux de chaque département, ce vaste chantier d’investigation ne serait pas réalisable. En 2012, 24 départements ont répondu favorablement à ce projet et chacun espère qu’ils seront rejoints par d’autres. « Plus de 1000 échantillons de reins ont déjà été prélèves sur 21 espèces différentes » précise Benoît Combes. «La leptospirose, à laquelle les chasseurs et leurs chiens sont régulièrement confrontés partout sur le territoire national a ainsi suscité le même désir de coopération de la part de toutes les FDC dans le territoire ELIZ ainsi que des laboratoires vétérinaires départementaux. Il s’agit d’un investissement local modeste pour une action de coopération interdépartementale unique réalisée grâce aux laboratoires vétérinaires et aux Fédérations des chasseurs. Il serait vraiment intéressant que tous les départements participent. » Il n’existe en France aucun autre programme qu’il soit scientifique, économique ou social qui soit suivi par autant de Conseils Généraux et d’acteurs locaux départementaux mettant en application exactement le même protocole. De l’avis des spécialistes de la leptospirose, ce programme devrait ouvrir d’énormes perspectives en termes de lutte contre cette zoonose. Le chasseur est généralement conscient des dangers qui le guettent. C’est un homme de terrain, une sentinelle sanitaire dont la science n’a aucune raison de se priver.
André Michelet
Encadré : Chasseurs, ne sous estimez pas la leptospirose
La leptospirose est probablement la zoonose la plus répandue dans le monde. Même les animaux ne présentant aucun symptôme peuvent héberger de très nombreuses bactéries dans leurs reins. Il convient donc de se méfier de cette maladie « comme de la peste ».
L'homme contracte la maladie par un contact direct avec l'urine ou des tissus d'un animal infecté ou indirectement via le sol, la végétation ou l'eau contaminée. La leptospirose humaine peut survenir à tout âge et en toute saison.
Symptômes
La forme typique : Le début est généralement brutal, avec une céphalée (maux de tête) habituellement frontale. De vives douleurs musculaires surviennent dans la plupart des cas. Les myalgies peuvent s'accompagner d'une très vive hyperesthésie cutanée (sensibilité accrue de la peau). Les frissons sont bien souvent suivis d'une ascension thermique rapide.
Les formes sévères associent une diminution des urines (ou une disparition) qui est signe d’insuffisance rénale, atteintes neurologiques et des hémorragies sérieuses pouvant être sérieuses (pulmonaires, digestives). Le rétablissement est long mais généralement sans séquelle. La mortalité atteint toutefois 3 à 5 % des malades.
Recommandations(*) :
Piégeurs : Il faut impérativement suivre les recommandations reçues lors des formations piégeage, notamment porter impérativement des gants pour manipuler les animaux et suivant la fréquence de vos interventions et des lieux de piégeage de se faire vacciner
Chasseurs de gibier d’eau ou pêcheurs : Mettre le plus souvent possible des petits gants en latex pour se protéger notamment dans les zones infestées par les rongeurs ou pour la manipulation des espèces, tels les ragondins. Il est possible de tendre les canards avec ces gants et de manipuler les fiches et autres accessoires sans prendre de risque. Faire attention aux souillures d’urine dans le grain de vos appelants par les rats noirs porteurs eux aussi de cette bactérie. Pour les pêcheurs des départements et des zones à risque notamment à forte concentration de ragondins, ne pas se laver les mains dans l’étang.
Ne sous-estimez pas cette maladie qui a emporté un sauvaginier girondin cet hiver. Protégez-vous et au moindre doute, consultez votre médecin le plus rapidement possible.[/font][/font][/color][/ltr][/size]